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Userbenchmark : peut-on encore faire confiance à ce site ?

Pendant des années, Userbenchmark s’est imposé comme l’outil « gratuit et rapide » pour jauger les performances d’un PC. Un exécutable léger, un test en quelques minutes, puis un score global et des classements faciles à lire. Résultat, des millions d’utilisateurs, des comparaisons à la volée entre CPU et GPU, et une visibilité maximale dans Google sur les requêtes du type « benchmark PC ».

Mais depuis 2019, le site traîne une réputation de plus en plus controversée, accusé de favoriser Intel et Nvidia, de marginaliser AMD, et d’entretenir une communication agressive envers une partie de la communauté. À cela s’ajoutent des changements récents dans le modèle d’accès au test qui ont encore crispé les utilisateurs.

Alors, Userbenchmark est-il encore un outil fiable pour choisir son matériel, ou faut-il s’en méfier ?

Un concept séduisant, né pour démocratiser le benchmark

À l’origine, Userbenchmark part d’une idée simple : un logiciel gratuit, capable de tester le CPU, le GPU, la mémoire et le stockage d’un PC, puis de comparer les résultats avec une base mondiale.

Screenshot du logiciel de Userbenchmark.

L’utilisateur visualise la position de ses composants, peut comparer deux modèles proches et se faire une idée générale du niveau de sa machine, sans passer par des suites payantes comme 3DMark ou PassMark (même si ce dernier propose un essai). L’approche couvre la configuration complète, quand des outils gratuits réputés comme CPU-Z ou FurMark se focalisent surtout sur un composant à la fois.

Cette promesse d’accessibilité a fait le succès du site entre 2014 et 2019 : un service utile, rapide, gratuit, avec un index unique, l’« effective speed », capable de condenser plusieurs métriques en un score.

2019, le tournant : un changement d’algorithme qui fâche

La bascule s’opère à l’été 2019, au moment où AMD prend un net ascendant sur le multicœur avec l’arrivée de Ryzen 3000 (Zen 2). Userbenchmark modifie alors son poids de calcul pour l’« effective CPU speed » : le monocœur reste important, mais la part accordée au multicœur devient très faible, tandis que le quad-cœur pèse lourd dans la note finale.

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Concrètement, Tom’s Hardware a documenté ce virage : de 40 % single / 50 % quad / 10 % multi auparavant, l’index est passé à environ 40 % single / 58 % quad / 2 % multi. Effet immédiat, des puces modestes mais véloces en fréquence se retrouvent propulsées au-dessus de modèles haut de gamme aux nombreux cœurs, ce qui a déclenché un tollé dans la communauté et chez plusieurs médias spécialisés.

Pourquoi est-ce problématique ? Parce qu’un score unique censé synthétiser la performance doit, a minima, refléter les usages. Le jeu vidéo reste sensible au monocœur, la création de contenu, la virtualisation ou le rendering exploitent la parallélisation. En compressant la note autour du single et du quad-cœur, l’index favorise mécaniquement certains profils de CPU, surtout à une époque où AMD progressait vite sur le multicœur. Des voix ont plaidé pour la création de deux indices séparés, « gaming » et « productivité », plutôt qu’un unique score biaisé par le poids du quad-cœur.

Une communication qui alimente la controverse

Au-delà de la méthodologie, le ton adopté par Userbenchmark a souvent jeté de l’huile sur le feu. Des pages et billets attaquant l’« armée d’influenceurs » pro-AMD, ou rebaptisant AMD en « Advanced Marketing Devices », ont tourné sur les réseaux et forums, renforçant l’image d’un site davantage militant qu’analytique. Ces dérives de langage sont régulièrement relevées et critiquées par la presse spécialisée.

La conséquence la plus visible sur l’écosystème : plusieurs communautés Reddit ont pris leurs distances : r/hardware a annoncé un bannissement des liens Userbenchmark pour « drama récurrent », rapidement suivi par r/Intel.

Screenshot d'un thread sur le subreddit de PCmasterrace qui met en garde contre Userbenchmark

Des wikis communautaires rappellent depuis que la source est restreinte ou déconseillée.

2024–2025 : le temps des restrictions d’accès et des polémiques à répétition

Autre point de crispation : l’accès au benchmark. En février 2024, Tom’s Hardware rapporte qu’Userbenchmark passe partiellement derrière un abonnement, avec une formule autour de 10$ par ans pour « passer la file ». La communauté parle de « paywall », même si l’implémentation exacte a évolué dans le temps.

En mars 2025, le même média revient sur le discours anti-AMD affiché sur des pages GPU récentes, pointant l’absence de preuves et l’usage d’arguments généraux sur la « vraie performance » sans tests concrets du modèle visé. L’affaire relance l’impression d’un site plus préoccupé par la rhétorique que par la donnée mesurable.

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Un trafic organique en forte baisse

Les polémiques et la perte de crédibilité n’ont pas seulement terni l’image de Userbenchmark, elles ont aussi eu un impact concret sur son audience. En 2021, le site culminait à environ 4,5 millions de visiteurs organiques mensuels en provenance de Google. Aujourd’hui, il plafonne autour de 1,75 million, soit une chute d’environ 61 % (selon les données fournies par SEMRush).

Ce recul est significatif et illustre un déclin structurel. Si le site persiste dans ses prises de position controversées et dans ses méthodes de notation décriées, la tendance pourrait bien se poursuivre, voire s’accélérer.

De plus, l’introduction de la formule payante est peut-être le signe d’une recherche de solutions pour améliorer les finances de l’entreprise. En effet, une baisse aussi importante du trafic entraîne souvent une diminution des revenus publicitaires et d’affiliation. La formule payante est probablement un moyen de faire entrer de la liquidité dans les caisses.

Toutefois, il convient de noter que cette baisse n’est pas un phénomène isolé : d’autres médias spécialisés dans le hardware comme PCMag, Tom’s Hardware ou TechSpot ont eux aussi vu leur trafic diminuer à partir de 2021. Une partie de ce repli pourrait donc être liée à des évolutions plus globales dans le référencement et la consommation d’actualités tech, notamment avec la montée en puissance de contenus vidéo et réseaux sociaux au détriment du trafic organique classique.

Que vaut l’« effective speed » pour choisir ses composants ?

Sur le papier, un index unique simplifie la vie des non-experts. Dans la pratique, le poids quasi nul du multicœur dans l’« effective CPU speed » rend l’indicateur peu pertinent dès que l’on sort de l’utilisation purement gaming. Le risque, c’est de mal classer des processeurs excellents en production, compression, rendu 3D, code, calcul scientifique, et de survaloriser des puces moins polyvalentes parce qu’elles boostent haut sur un ou quatre cœurs. Les analyses de méthodologie publiées par la presse et les retours de communautés vont toutes dans ce sens.

Pour les GPU, la situation est similaire : Userbenchmark publie des appréciations très tranchées sans protocole transparent ni batterie de jeux clairement documentée, ce qui limite l’usage des classements pour orienter un achat. Là encore, plusieurs médias recommandent de privilégier des tests indépendants qui couvrent un panel de jeux, de résolutions, et de mesures de frametimes.

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Faut-il encore utiliser Userbenchmark en 2025 ?

Pour un contrôle rapide de sa machine

Oui, à petite dose. Le logiciel reste pratique pour un sanity check : vérifier qu’un PC se comporte à peu près comme le parc de machines similaires, repérer un SSD anormalement lent, un profil mémoire mal réglé, ou un GPU qui n’atteint pas ses fréquences. Dans ce cadre, l’outil rend service.

Pour choisir un composant, prudence maximale

En revanche, pour trancher entre deux CPU ou GPU, l’« effective speed » et les commentaires associés peuvent induire en erreur. La bonne pratique consiste à recouper :

  • Des tests indépendants sur plusieurs sites et chaînes YouTube, avec protocoles clairs, jeux variés et mesures de stabilité.
  • Des outils de benchmark spécialisés pour un usage donné : 3DMark pour le jeu, Blender/PugetBench pour la création, y-cruncher/Cinebench pour le CPU, etc.
  • Des bases fiables pour la productivité, où le multicœur pèse réellement.

Autrement dit, Userbenchmark peut figurer dans la boîte à outils, mais pas comme source unique. C’est un indicateur parmi d’autres, pas un arbitre définitif.

Verdict

Userbenchmark a contribué à démocratiser le benchmark PC, mais sa méthodologie de scoring des CPU, sa communication clivante et ses restrictions d’accès récentes ont sapé sa crédibilité.

En 2025, l’outil peut encore servir pour un contrôle rapide, mais il ne doit jamais guider seul une décision d’achat.

Multipliez les sources, privilégiez des tests documentés et faites correspondre les métriques à vos usages réels.

Sources

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